Tremblement de Terre en Haïti : 10 ans plus tard
Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre de magnitude 7,0 a dévasté Haïti, tuant 316 000 personnes et affectant plus de trois millions de gens dont la moitié sont restés sans abri. À l’occasion du dixième anniversaire de la catastrophe, deux membres de l’équipe d’intervention d’urgence de l’USAID repensent à leurs efforts de sauvetage et à la résilience du peuple haïtien.
L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a déployé son équipe d’élite d’intervention en cas de catastrophe (DART) immédiatement après le tremblement de terre qui a frappé le sud de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. La mission de la DART était claire : Fournir une aide humanitaire vitale et rechercher des survivants. Mais réaliser cette mission ne serait pas facile.
«Dévastation totale et perte totale d’infrastructure sur plusieurs quartiers. Les bâtiments étaient complétement aplatis, les fils pendaient. Et trouver des survivants, c’était comme trouver une aiguille dans de nombreuses meules de foin. »
- Terry DeJournett, Membre de l’unité de sauvetage et de recherche de l’équipe DART de USAID
Au plus fort des interventions, la DART comprenait 545 personnes, dont 511 membres de recherche et sauvetage urbains (USAR) et 34 experts en cas de catastrophe du Bureau d’aide en cas de catastrophe à l’étranger (OFDA) de l’USAID. Ce fût la plus grande équipe d’intervention jamais déployée par l’USAID, et la DART a battu aussi d’autres records.
Ses membres chargés de la recherche et du sauvetage ont rejoint un effort de sauvetage international historique qui a sauvé 134 personnes — le plus grand nombre de sauvetages connus lors d’une intervention internationale en cas de catastrophe. De cela, l’équipe DART de l’USAID a pu enlever 47 personnes des décombres. Douze de ces sauvetages ont été effectués en une seule journée — le 17 janvier 2010 — cinq jours après le tremblement de terre, établissant un record pour un effort international de recherche et de sauvetage.
Joseph Knerr du service d’incendie et de sauvetage du comté de Fairfax et Terry DeJournett du service d’incendie du comté de Los Angeles ont tous deux dirigé les opérations de recherche et de sauvetage de leurs équipes respectives en Haïti. Ils ont partagé avec nous deux de leurs souvenirs les plus vifs, en leurs propres mots.
Le miracle de la banque: 17 janvier 2010
Terry DeJournett, Service d’Incendies de Los Angeles
Le matin du 17 janvier, nous travaillions sur un tas de débris que nous avons percé, mais nous n’y avons rien trouvé. Puis quelqu’un vient vers nous et dit: “Hé, il y a une dame à la banque à trois pâtés de maisons.”
Nous sommes arrivés à l’endroit où se trouvait la banque, qui était maintenant un tas de gravats. La dame, une employée de banque, avait été piégée sous quatre étages de débris. Son nom était Jinette Sainfort, une employée de la banque. Elle était dans le parking de la banque lorsque le tremblement de terre a frappé. Maintenant, elle était enterrée. Son mari — qui était à la banque — avait crié son nom et entendu sa voix. Quelqu’un avait réussi à ouvrir un petit trou de deux pouces.
Comme nous étions la première équipe de secours sur place, nous avons dû prendre une décision. La femme était coincée sous une dalle de béton et tous ces gravats. Ses mains étaient coincées sous un panneau métallique. Elle était incapable de bouger. Devrions-nous abordé le sauvetage de haut en bas et enlevé tous les débris sur elle? Cela pourrait prendre des jours. Ou bien, pourrions-nous l’atteindre en passant latéralement?
Nous avons choisi l’opération latérale, creusant un tunnel au-dessus d’elle. Cela nous a permis de nous éloigner d’elle, et une fois que nous sommes arrivés à son niveau, nous avons pu retirer lentement les débris sur elle et ouvrir un espace. Nous avons finalement obtenu le trou assez grand pour que quelqu’un puisse ramper et l’aider à sortir.
En même temps, tout autour de nous, il y avait une foule d’une cinquantaine de personnes et de journalistes. Quand nous l’avons sortie, elle chantait une chanson en français sur Dieu et elle nous remerciait pour le sauvetage. Il y a une vidéo de ça. La foule criait: «USA! USA! »Les caméras roulaient. La foule applaudissait. C’était tellement surréaliste.
Cinq jours après un tremblement de terre, on ne voit pas beaucoup de survivants. Mais ce sauvetage était un miracle. Jinette a fini par perdre deux doigts sur sa main, mais nous lui avons sauvé la vie. Ce désastre et ce sauvetage réconfortant est quelque chose qu’on ne peut oublier.
Le sauvetage de 18 heures
Joseph Knerr du service d’incendie et de sauvetage du comté de Fairfax
À chaque mission, on espère pouvoir sauver une vie. Notre mission la plus réussie avant Haïti était en Turquie, où nous avons secouru quatre personnes. Donc, c’était incroyable en Haïti d’avoir l’opportunité de sauver tant de vies.
L’un des sauvetages qui m’a le plus marqué est notre premier. Cela a pris 18 heures, et pour une grande partie, c’était la même équipe qui travaillait tout le temps. Nous avons dû creuser un tunnel sous un bâtiment détruit puis remonter sur plusieurs étages pour atteindre la personne. Nous sommes formés pour creuser des tunnels — pour traverser un mur, un lit ou même un réfrigérateur. Mais généralement, on ne creuserait pas de tunnel sous un bâtiment. Il y aurait d’autres options, mais dans ce cas, il n’y en avait tout simplement aucune autre.
Un autre sauvetage qui reste avec moi est l’Américain que nous avons retiré de l’hôtel Montana, Dan Woolley. Il a été coincé dans une cage d’ascenseur pendant 65 heures avant qu’on le sorte des décombres. Des mois plus tard, il est passé à l’une de nos casernes de pompiers et a rencontré certains des gars qui l’ont aidé à sortir. Normalement, nous n’obtenons pas l’histoire complète, ce qui est normal. Nous ne recherchons pas cela. Mais c’était agréable d’en savoir un peu plus sur la personne et comment elle allait après.
Dix ans plus tard, ce qui me frappe aussi, c’est la force du peuple haïtien. Nous avons retiré une femme et dès que le médecin l’a regardée et lui a donné des liquides, elle s’est essentiellement époussetée et s’est éloignée. Cela témoigne de la résilience des gens.
Je me souviendrai toujours de la façon dont tout le monde s’est réuni et a travaillé ensemble dans un but commun. Ce que nous avons fait en Haïti, c’est ce que nous nous sommes engagés à faire. C’est le summum de ma carrière de sauveteur d’avoir fait partie de cette intervention.
Maintenant à la retraite et vivant à Hawaï, Terry DeJournett reste actif dans la communauté des premiers intervenants. Il a donné des cours sur le système de commandement des incidents et reste connecté au service d’incendie du comté de LA et aux membres de l’équipe USAR. Son fils est pompier et travaille avec l’équipe de recherche et de sauvetage en milieu urbain du département des incendies de Los Angeles.
Bien qu’il ne fasse plus partie de l’équipe de recherche et de sauvetage en milieu urbain du comté de Fairfax, Joe Knerr reste un membre actif du service d’incendie. Il est actuellement le chef adjoint des opérations, supervisant tous les problèmes opérationnels — y compris l’équipe USAR, la lutte contre les incendies, l’EMS, le sauvetage technique, HAZMAT et la planification d’urgence. Sa femme travaille également pour le service d’incendie du comté de Fairfax dans la branche EMS.
Vous pouvez en savoir plus sur la réponse de l’USAID au tremblement de terre en Haïti et les efforts humanitaires actuels de l’USAID en Haïti.